Trente-quatre marchés ont passés par l’État pour la mise en œuvre du contrat d’autonomie dans le cadre du plan Espoir banlieues. Ils ont été notifiés par la DGEFP (ministère de l’économie, des finances et de l’emploi) dans un avis officiel publié le 15/12/2008. Ils concernent tous des zones couvertes par la politique de la ville d’un département (ou d’un demi-département dans le Nord, de deux département en Puy de Dôme et Haute Loire). Un 35ème marché, dans le Doubs, était prévu, mais il a été infructueux et a été relancé depuis.
La valeur totale des marchés a été fixée à 351 023 653 euros (hors TVA). Il s’agit cependant d’un montant théorique puisque les opérateurs sont payés en fonction du résultat ; pour qu’ils obtiennent des revenus équivalents à ceux du marché, il faudrait que l’ensemble des places soient effectivement attribuées, et que les résultats de chaque contrat soient positifs.
La procédure du marché prévoyait que le critère d’attribution était le « prix le plus bas », une disposition qui n’a eu de sens que dans les 31 lots où il y a eu plusieurs candidats puisque 3 lots ont été attribués sans compétition (Meurthe et Moselle, Maine et Loire, Haut Rhin). Ailleurs il y a eu de 2 à 7 concurrents, et même 9 dans les Bouches du Rhône.
Ces marchés prévoient un total maximum de 44 200 contrats d’autonomie, le plus petit – en Auvergne – en ayant 600, le plus grand – Lille et une partie du Nord – étant chiffré à 4 500.
Les opérateurs se partagent les marchés dans des conditions déjà décrites dans des articles précédents. Sur le plan économique, la répartition est un peu différente, le prix de tous n’ayant pas été le même.
On notera que certains opérateurs (Ingéus, BPI, Védior) interviennent seuls. Tous les autres sont dans des groupements de 2 à 7 opérateurs. Pour les calculs ici, le chiffre d’affaires est attribué au mandataire, bien qu’une partie, non connue, doive revenir aux autres contractants. Mais les opérateurs uniques peuvent aussi avoir des sous-traitants.
Le plus important chiffre d’affaires revient à Ingéus, qui affiche un chiffre nominal de plus de plus de 98 millions d’euros sur les 3 ans de l’opération, concentrant 28% du montant total du marché. Ses 4 suivants (Retravailler, INFREP, C3 Consultants, Usg Restart) se situent entre 28,5 et 34,5 millions d’euros. Les 16 autres opérateurs ont des commandes totales s’étageant de 4,7 à 13,2 millions d’euros.
Le prix unitaire par jeune suivi dans le cadre d’un contrat d’autonomie est assez différent selon les opérateurs, puisque le plus cher est 86% au-dessus du prix du moins onéreux.
Bien qu’ayant eu le plus grand nombre de lots, Ingéus fait partie de ceux qui affichent les prix les plus hauts, à 9 392 € en moyenne, avec une très légère différence selon les territoires. Il est légèrement en dessous du prix de l’Afpa (formation) qui a obtenu le lot de Meurthe et Moselle sans opposition, au prix de 9 780 €. Les autres grands opérateurs privés comme BPI (ressources humaines) et Adecco (intérim) affichent de tarifs proches, respectivement 9 500 et 9 370 €.
Sodie (reconversion, Lorraine), AFEC (formation), Vedior (intérim), la mission locale de Mulhouse (Sémaphore) et Adelfa entreprendre (formation, Clermont-Ferrand) ont obtenu des marchés avec des prix entre 7 800 et 8 950 €.
Tout un groupe d’organismes, qui ont très souvent répondu ensemble à 2, 3 ou 4, ont affiché un prix commun, qui constitue la référence pour 13 lots : 7 500 €. Il s’agit de C3 Consultants (ressources humaines), Retravailler (formation, insertion), INFREP (formation), Usg Restart (intérim) et Afij (formation).
Le groupe des moins chers comprend exclusivement des structures de caractère local avec UPROMI (Seine et Marne) à 7 000 €, CFP Presqu’île (Loire Atlantique) à 6 758 €, Carrière Formation (Gard) à 6 377 €, Aide au Choix de Vie (Paris) à 6 100 €, la mission intercommunale de l’Ouest (mission locale, La Réunion) à 6 045 € et ID Formation (Pas-de-Calais) à 5 987 €. L’offre la plus basse retenue est celle d’Insermedia (Gironde), qui se contente de 5 260 € par jeune suivi.
Les opérateurs recrutés sont rémunérés en fonction des objectifs atteints. Ils touchent une avance de 25% du montant contractuel, puis 40% si le jeune décroche un CDD de plus de six mois ou un CDI, le reste (35%) s'il se stabilise. Le montant prévisionnel des dépenses effectives avait été évalué à 250 millions d'euros sur 3 ans, soit environ 70% du montant théorique des marchés. Pour atteindre ce chiffre, il faudrait évidemment que l’objectif de 45 000 jeunes entrant en contrats d’autonomie soit vérifié.