Marie-Catherine El-Fallah, consultante à Res publica, publie dans le quotidien Les Échos (07/03/2006) une tribune libre, intitulée « Maisons de l'emploi et concertation ». Elle estime qu’il faut « tirer les leçons des structures de l'emploi existantes ».
Res publica est un bureau d’études, qui se consacre au « management des parties prenantes » et propose une offre de service pour construire une maison de l'emploi.
Nous reproduisons ci-dessous le texte de Marie-Catherine El-Fallah, qui a travaillé aux côtés de plusieurs porteurs de projets de maisons de l'emploi (Cherbourg, Sénart, Hauts de Bièvre, Chinon…).
« Le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo prévoit la création à terme de 300 maisons de l'emploi ; il offre l'opportunité de renouveler le « contrat » entre toutes les parties prenantes du marché du travail.
« La charte des maisons de l'emploi prévoit qu'elles s'adressent aux demandeurs d'emploi, aux salariés et aux entreprises. La première cible est le public habituel des opérateurs de l'emploi mais ce n'est pas le cas pour les deux autres Les territoires imaginent mal quels peuvent être les nouveaux services offerts à ces publics ; ils ne peuvent y parvenir que s'ils impliquent l'ensemble des parties prenantes du marché du travail dans la définition de cette nouvelle offre.
« Il faut en effet tirer les leçons des structures de l'emploi existantes, qui ont les plus grandes difficultés à être identifiées comme un acteur crédible par les entreprises. Face à l'imperméabilité entre ceux qui accompagnent le retour à l'emploi et ceux qui recrutent - et qui se positionnent souvent en client insatisfait des premiers, seul une concertation mobilisant toutes les parties permettra de renouveler les formes de l'action.
« La concertation doit s'engager avec le service public de l'emploi, les structures des collectivités locales, les associations chargées d'insertion mais aussi avec... les entreprises et leurs représentants. Elle doit avoir une double finalité : produire de la connaissance partagée et mobiliser vers l'action en modifiant le positionnement des uns et des autres. De la relation : « client insatisfait – fournisseur frustré », il faut parvenir à l'exercice d'une coresponsabilité sur le marché du travail local.
« Au copilotage service public de l'emploi – collectivité, il faut ajouter une participation forte des entreprises. L'expérience des maisons de l'emploi présidées par un chef d'entreprise (Richelieu, Sénart) est significative. Elle renouvelle « naturellement » le langage des partenaires, elle met les uns et les autres devant leur responsabilité, elle permet de trouver des voies d'actions inédites.
« Les maisons de l'emploi renouvellent aussi le rapport entre collectivités locales et monde du travail. En confiant à celles-ci le copilotage de ces structures, en les appelant à leur cofinancement, le gouvernement ouvre, de fait, un nouvel espace de décentralisation. Les élus locaux ne s'y sont pas trompés. Les projets de statuts (GIP ou association) proposés par l'Unedic pour les maisons de l'emploi les ont fortement interrogés. En effet, une interprétation restrictive de ces statuts pouvait conduire à mettre les collectivités dans une situation de minorité par rapport au service public de l'emploi. La dernière circulaire du ministère de l'Emploi devrait en partie apaiser ces tensions en rappelant que les collectivités et le service public de l'emploi doivent détenir la majorité des voix au sein des instances. Il demeure toutefois une inquiétude réelle, celle de la pérennité du financement de l'Etat au-delà du plan de cohésion sociale.
« Au terme de la démarche, le paysage de la gestion du marché du travail sera totalement renouvelé. Les élus locaux auront demain à répondre de l'action qu'ils réalisent en matière d'emploi devant leurs administrés. Il faudra pour cela qu'ils aient la maîtrise des moyens - tout en conservant à la politique de l'emploi son caractère national qui seul peut garantir à tous un égal traitement dans l'accès et le retour au marché du travail ».