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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 00:08

Benoît Granger est non seulement un excellent connaisseur de la microfinance, mais il écrit bien. Et de plus, il a le sens – et les armes – de la polémique. C’est dire que quand il développe une thèse et qu’on veut le contrer, il faut plus que de solides arguments, il faut aussi un certain talent.

Enseignant à Advancia, l’école de la création d’entreprises de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, Benoît Granger s’est donc lancé dans un débat public sur le thème, plusieurs fois évoqué sur ce site, mais il y a relativement longtemps, de l’utilité et de la légitimité des taux d’intérêt élevés en microfinance.

Notre polémiste estime donc « qu’avoir exclu France Initiative du comité qui, auprès de la Banque de France, discute de microcrédit en France, c’est une grosse bêtise. C’est idiot, c’est une décision purement idéologique, et qui a pour effet de bunkeriser le microcrédit. » (prêter, prêter à intérêt, prêter sur l'honneur, etc. --un débat sans intérêt ?, 3/04/2010).

S’appuyant sur des travaux dans toute Europe de l’Ouest, Benoît Granger constate que « l’équilibre des comptes est impossible pour la microfinance » et en déduit que, facturer des intérêts dans ces conditions, c’est une entreprise «  profondément idéologique », au sens ou le projet d’autonomie financière d’un organisme comme l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique) n’a « qu’un lien restreint avec la réalité. »

Ce qui met vraiment en colère celui qui fut, il y a deux décennies, le fondateur de la Société d’investissement France active, c’est la définition reprise par la Commission européenne et, en France, l’inspection générale des finances : « le microcrédit, c’est du prêt à intérêt » (voir la définition du microcrédit par la commission européenne et le Rapport de l’inspection générale des finances). Pour lui, ce qui importe, c’est le prêt – qu’il y ait, ou non, des marges à payer aux institutions relevant de la stratégie d’un organisme. Il remarque que les performances des plateformes France initiative et de l’Adie sont proches en termes de volumes d’entreprises financées (15 000 créations par an), l’Adie finançant des plus petits projets (2 500€ contre 6 500€ en moyenne).

Benoît Granger s’inquiète de ce que le parlement retienne une définition du microcrédit qui aboutirait à ce qu’il nomme « un paradoxe cruel ». Pour lui, « les prêts d’honneur ont montré leur efficacité ». Il assure « l’Adie prête plutôt cher à des personnes en difficulté, alors que France initiative prête gratuitement à des personnes qui n’ont pas de graves problèmes – juste des projets » (Le microcrédit en France : réduit, dans sa définition officielle, à : prêter cher aux pauvres ? ! ? !, 8/04/2010).

C’est le 19 avril 2010 cependant que le sang de Benoît Granger s’est échauffé. Il avait publié ses opinions sur le site Rue89, et Thierry Racaud, directeur des études et plaidoyer de l’Adie a fait usage d’un droit de réponse pour les contester. Sur son blog, il réfute les contestations en précisant sont analyse : « pour les créateurs d’entreprise, l’important c’est d’obtenir un prêt. Et de l’obtenir d’une part en bénéficiant de conseils, d’avis, d’appuis compétents ; et d’autre part, que ces appuis en question lui facilitent l’accès à d’autres financements : des banques traditionnelles de préférence » (L'Adie réagit à mon papier sur Rue 89, concernant la définition du microcrédit en France. Un débat passionnant, à mon avis.)

Benoît Granger remarque que les intérêts perçus par l’Adie couvrent « une partie dérisoire » de ses coûts directs de production.

Il compare les attitudes de l’Adie et de France initiative estimant qu’elles dessinent « des univers idéologiques cohérents, qui renvoient donc à des conceptions, et de la figure de l’entrepreneur, et de nos rapports aux biens communs ». « Dans l’univers de l’Adie, on veut développer une activité financière équilibrée (…) ; vous êtes sur le marché ; la discipline du remboursement est une contrainte que vous devez respecter ; sinon on fait appel à vos cautions et on augmente la pression… » « Dans l’univers France initiative, (…) on met en avant l’honneur (le prêt) et la confiance (pas de caution) ; on implique les communautés locales dans le process ; et au total, on obtient des remboursements comparables. »

Mais pour conclure, Benoît Granger rappelle qu’il est « un admirateur de l’Adie » et que « nous sommes vachement bons (…) en France (…), car nous avons généré deux systèmes qui coexistent fort bien et qui sont fantastiquement efficaces. » selon lui, « il ne faut surtout pas confisquer le terme de microcrédit au profit de l’un ou de l’autre de ces modèles ! »

Granger_B.jpeg

 Benoît Granger, enseignant à Advancia

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L’étude de la DARES : Les maisons de l'emploi conventionnées avant fin juillet 2007 (mars 2009)
Le rapport final de Jean-Paul Anciaux, député de Saône et Loire, sur l'évaluation des maisons de l'emploi (juin 2008)

Le rapport intermédiaire de Jean-Paul Anciaux, député de Saône et Loire, sur l'évaluation des maisons de l'emploi (janvier 2008) avec sa première annexe et sa deuxième annexe.
Le
rapport de Marie-Christine Dalloz, députée du Jura, sur les maisons de l'emploi (juin 2008)
La loi du 13 février 2008 sur la
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La carte des maisons de l'emploi en métropole en décembre 2008 (source : DGEFP, Dares)

L'annuaire des maisons de l'emploi (réalisé par le ministère de l'emploi, mars 2007) 

La liste des maisons de l’emploi labellisées et conventionnées (juin 2008, source DGEFP)

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