Je prolonge dans cet article mon regard des débats de la commission élargie de l’Assemblée nationale qui a examiné, le 5 novembre 2008, les crédits consacrés à la mission « Travail et emploi » dans le projet de loi de finances pour 2009. Elle réunissait les membres de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan et ceux de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Les commissaires ont entendu Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité ainsi que Laurent Wauquiez, secrétaire d'État chargé de l’emploi.
Il s’agit de voir ici ce qui concerne Pôle emploi et l’évaluation des politiques d’emploi.
Frédéric Lefebvre, député des Hauts de Seine (Ump), pose la question de la valeur patrimoniale des 399 sites des ASSEDIC et de leur parc informatique, respectivement estimés à 900 et 855 millions. Il espère une « mise à disposition à titre gracieux. »
Député de Tours, Jean-Patrick Gille (Ps, Indre et Loire) s’interroge « sur la capacité pour le Pôle emploi de satisfaire à toutes les missions qu’on lui fixe. »
Laurent Wauquiez, secrétaire d’État chargé de l’emploi, présente cette institution comme sa « troisième priorité », indiquant que « le fonctionnement de Pôle emploi est assuré, du moins pour la phase de mise en place. »
Le membre du gouvernement place Pôle emploi dans un cadre quasi-militaire. Il veut « constituer des forces de frappe beaucoup plus efficaces. Aujourd’hui, l’organisation du service est structurée par territoire, mais les forces qui sont sur place n’ont pas forcément les moyens de réagir dans certaines situations d’urgence. Il nous faut donc disposer de forces susceptibles d’être mobilisées pour leur apporter un soutien. »
La vision qu’a Laurent Wauquiez de la réalité du travail de l’Anpe paraît peu positive : « je ne veux pas qu’on se contente de punaiser des offres d’emploi sur un mur ». Il appelle donc à un « renouvellement de la relation avec les employeurs » et donc; retour à la rhétorique guerrière, « il faut une force de prospection » pour aller chercher les offres. Il indique que « le demandeur d’emploi bénéficiera ainsi d’un service public de l’emploi profondément renouvelé, y compris par divers progrès concrets, en matière d’horaires d’ouverture ou de mise en ligne par exemple. »
En matière d’évaluation, le représentant du gouvernement a réagi à un amendement au projet de budget, déposé par Frédéric Lefebvre et son co-rapporteur au nom de la commission des finances, Gaëtan Gorce (Ps, Nièvre). Tous les deux regrettent « l’insuffisante évaluation des politiques d’emploi » et remarquent que « pourtant, cette année encore, les crédits des principaux organismes d'évaluation ont été réduits ». Ils proposent donc de « maintenir les crédits de la direction de l’animation, de la recherche, des études et de la statistique (DARES) du ministère du Travail, des relations sociales et de la solidarité et ceux du centre d’étude de l’emploi (CEE) » ce qui permettrait à ces deux organismes de poursuivre leurs travaux d’évaluation et de maintenir leurs effectifs. Les deux rapporteurs attendent que l’évaluation passe « de la phase artisanale à une phase industrielle. »
Laurent Wauquiez renvoie au Conseil national de l’emploi nouvellement créé, qui « adoptera chaque année un programme d’évaluation des politiques de l’emploi », même s’il reconnaît que « cette mesure ne correspond pas exactement aux propositions » du rapport parlementaire.