La journée de synthèse du Grenelle de l’insertion, tenue à la Maison de la Mutualité à Paris le 23 mai 2008 devant environ 200 participants, a laissé les participants avec des sentiments mitigés.
Lancé à Grenoble les 23 et 24 novembre 2007, le processus du Grenelle de l’insertion s’est achevé pour sa partie publique et conduira à une réunion des partenaires sociaux et gouvernementaux le 27 mai, dans la salle des accords de 1968 – juste quarante ans après.
J’ai déjà mis en ligne la version de travail du rapport général du Grenelle de l’insertion.
Si tous les intervenants ont souligné la qualité du travail conduit ainsi que l’animation et la synthèse réalisée par Julien Damon, professeur associé à Sciences-Po, le rapporteur général, le résultat lui même en a laissé plus d’un insatisfait.
Un des points forts de la rencontre du 23 mai aura été que les « usagers », à savoir les personnes engagées dans différents programmes d’insertion, auront eu largement la parole. Des témoignages directs, des entretiens filmés et des interventions d’associations se sont succédé pendant la journée. Cependant, ce n’est pas sans une certaine ambiguïté.
Ainsi, on entendit Nardjes Meslem, jeune femme dont le contrat d’accompagnement dans l’emploi (Cae) se termine bientôt sans qu’elle ait de perspectives d’emploi stable, regretter qu’un tel contrat la « marque » dans sa recherche d’emploi. Mais elle s’adressait au directeur des ressources humaines du groupe Psa Peugeot-Citroën, M. Vergne, en l’appelant « Jean-Luc ».
Guy-Henri Plessis, représentant du Mouvement national des chômeurs et précaires (Mncp) a regretté que son mouvement, qui regroupe 40 associations locales, soit consulté dans le cadre du Grenelle de l’insertion mais qu’en même temps, ses subventions disparaissent et qu’aucune place n’est faite à la consultation des chômeurs dans les instances officielles du service public de l’emploi.
C’est sans doute une des conclusions que les participant à ce Grenelle de l’insertion m’ont le plus souvent formulé : convivialité des échanges, mais pas d’effets immédiats et peu d’espoirs réels à moyen terme.
Quant à Claude Alphandéry, 86 ans, ancien résistant, banquier, économiste, président du Conseil national de l'insertion par l'activité économique, il a montré qu’il conservait toute sa verdeur en s’indignant qu’on ait tout simplement oublié de parler des entreprises d’insertion au cours de cette séance.
Je reviendrai dans de prochains articles sur les échanges dans les différentes tables-rondes.
Le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, a en conclusion, assuré que « l'insertion, pas une politique marginale pour des marginaux, mais une action de fond, centrale ». Il lui reste à en convaincre non seulement les partenaires sociaux, mais aussi ses collègues au sein du gouvernement.
Claude Alphandéry, président du CNIAE