Le 19 mai 2008, le Grenelle de l’insertion faisait étape en Val d’Oise. Organisé par le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, le Grenelle de l’insertion, clôturé le 23 mai 2008 (anniversaire des accords de Grenelle en 1968, dans la même salle) verra ses résultats présentés le 27 mai à la salle de la Mutualité, à Paris.
Il y avait environ 300 participants à Cergy (Val d’Oise), dans une salle mise à disposition par l’école de commerce Essec, sur le thème innover pour insérer. La session s’est interrogée, parfois avec vigueur, sur le lien entre la formation professionnelle et l'emploi.
Paul Santelmann, responsable de la prospective à l’Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) a fait le point sur ce secteur, qui génère 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec 23 354 formateurs dont environ 10 000 sont celui lui avec un statut précaire. Il s’est inquiété de l’instabilité des dispositifs, remarquant que seule une partie des métiers (30%) ont un lien formation emploi fort et que « çà marche quand il y a une relation avec l'entreprise. »
Pierre Courbebaisse, vice-président de la Fédération de la formation professionnelle a plaidé pour un droit opposable à la formation (sous forme de crédit d'heures) pour ceux qui n'ont pas atteint le niveau 4 en formation initiale.
Parlant des freins à l’entrée en formation, Philippe Zamora, chargé de recherche au Centre de recherche en économie et statistique de l’Insee, a montré que l’Anpe propose plus de stages aux moins qualifiés, mais qu’il y en a moins qui y rentrent effectivement. C’est, selon lui, la conséquence de l’absence d'un outil d'accompagnement pour aider les chômeurs à construire un parcours de formation. Seuls les jeunes ont une telle aide dans les missions locales.
Mais le chercheur remarque aussi que l'effet sur l'emploi de la formation n'est pas prouvé à court terme, au contraire. Par contre, les études montrent une amélioration de la situation des personnes passées par une formation après plusieurs années.
La directrice départementale de l’Anpe dans le Val d’Oise, Dominique Delaite a confirmé la baisse tendancielle de l'entrée en formation des demandeurs d’emploi : -21% en 2006, -11,3% en 2007 et -2,3% au premier trimestre 2008.
Responsable de formation au centre Afpa de Stains (Seine Saint Denis), Florence Pion,: a analysé que la recherche de la motivation, ajoutée à la nécessité d’avoir un projet, devient un critère de sélection.
Cédric Frétigné, enseignant à l’université Paris 12 de Créteil (Val de Marne), a regretté que l’on évalue des pédagogues sur une activité d'insertion, à savoir le taux de placement des personnes en emploi.
Le nouveau président (Ps) du conseil général du Val d’Oise, Didier Arnal, a souhaité développer l'innovation, même en insertion. Il a proposé d’associer les usagers à la définition de la politique départementale, de mailler le réseau des acteurs et d’utiliser la clause d'insertion dans les appels d’offres.
La conseillère régionale d’Île de France (Ps) Marie-Laure Meyer a trouvé « insupportable d'être la région la plus riche d'Europe et la plus inégalitaire ». Celle qui représente les collectivités territoriales au sein du conseil d’administration de l’instance provisoire regroupant l’Anpe et le réseau Assedic, a estimé que le service public de l’emploi devrait trancher entre « un accompagnement renforcé pour les seuls chômeurs indemnisés ou un service public de l’emploi ouvert à tous. »
Marie-Laure Meyer, également présidente de la maison de l’emploi et de la formation de Nanterre (Hauts de Seine), s’est inquiétée du risque de disparition des plans locaux pour l’insertion et l’emploi (PLIE), notamment en Île de France, du fait – selon elle - de la gestion française du Fonds de social européen (Fse).
Remarquant que la région souhaite travailler avec l’Afpa, le Greta et le Cnam elle a réclamé de pouvoir le faire hors procédures de marchés publics, ce qui n’est pas autorisé actuellement. Marie-Laure Meyer a enfin appelé à « travailler plus, travailler mieux et gagner assez. »
Concluant la rencontre, Martin Hirsch a assuré être « un dangereux gauchiste plus qu'on ne le croit ». Il a indiqué vouloir « interdire le travail gratuit, interdire de catégoriser et interdire de statuifier », faisant référence à la multiplicité de statuts. Il souhaite débloquer les formations en alternance et faire des « contrats aidants » plutôt que des « contrats aidés. »
Le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté a appelé à « aller vers un théorème de Saint Mathieu à l'envers », faisant à l'analyse que, selon l'évangéliste, « on ne prête qu’aux riches. »